Pourquoi un coutelier invente ses propres modèles ?
Si de nombreux couteaux existent déjà et ont une forme bien établie comme les couteaux dits régionaux (comme l'Aurillac, l'Yssingeaux, le Laguiole, le Thiers bien sûr, et bien d'autres...) ou alors des modèles atypiques déposés (comme le Navette, l'Opinel, le Douk-douk, et bien d'autres...).
Les couteliers indépendants vont, quant à eux, bien souvent, créer leurs propres modèles. Pourquoi, me direz-vous ?
Je pourrais vous conter une belle histoire pour répondre à cette question, mais finalement il pourrait y avoir autant de réponses que de couteliers.
Malgré tout, il y a bien souvent des récurrences, comme le fait de créer des couteaux uniques différents des régionaux, ce qui manifeste une volonté d'exprimer une qualité artistique, de s'inspirer de l'histoire ou de la mythologie ou même de présenter des ingénieries nouvelles dans l'univers du couteau.
Et mes couteaux dans tout ça ?
Si vous avez bien lu mon histoire, vous aurez certainement compris que j'ai l'esprit créatif, et de ce fait, j'ai bel et bien dessiné tous mes couteaux présents sur le site. Comment trouver l'inspiration ? Alors contrairement à ce que vous pouvez peut-être penser, tout n'est pas aussi simple que de poser son crayon sur la feuille, de dessiner la forme d'un couteau, et c'est terminé. Non, c'est griffonner deux trois traits, amincir ou épaissir la forme, changer un point d'ancrage. Dans le même temps, réfléchir à son ergonomie, faire attention à sa taille, à ses proportions, prendre en compte son utilité. Et si ceci peut suffire pour un couteau à lame fixe, il convient parfois d'ajuster le couteau entier pour y intégrer la mécanique afin qu'il devienne pliant. Il s'agit aussi de choisir son type de mécanique : à friction (Piémontais), à cran plat, à cran forcé, à cran d'arrêt (pompe), liner lock, à palanquille, ou même, pour les ingénieurs du couteaux, les mécanismes à secrets.
Vous l'aurez compris, créer un couteau n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît.
Pour ma part, je démarre toujours mon dessin avec une volonté technique ou artistique en tête et ma main fait le reste. Le plus beau, c'est lorsqu'un petit bout d'histoire prend le dessus sur la création. C'est le cas de l'iconique "pompadour", qui est le premier né de tous mes couteaux.
Le "pompadour"
De manière assez évidente, son nom est inspiré de la marquise de Pompadour, Jeanne-Antoinette Poisson. D'origine bourgeoise et non noble, critiquée des milieux aristocratiques, elle finit tout de même par devenir la favorite du roi Louis XV. Le roi lui offre d'ailleurs le domaine de Pompadour.
De maîtresse à confidente, puis de confidente à influente, elle encourage la création de la manufacture de porcelaine de Sèvres.
Le lieutenant de chasse de Versailles considère la Marquise comme belle, grande, svelte, souple, élégante et avec un visage d'un ovale parfait, des yeux d'un charme particulier, un nez parfaitement formé. Enfin, la plus belle peau du monde.
C'est inspiré par cette flatteuse description que j'ai pu dessiner mon couteau, en commençant par le cœur, subtilement dissimulé ou volontairement mis en valeur à l'extrémité du couteau, rappelant l'aventure charnelle avec le roi. Le nom du mécanisme pourrait être interprété ainsi : "pompe-adour", en raison du cran d'arrêt à "pompe" arrière. Enfin, le plus important, c'est la description physique de la marquise par le lieutenant de chasse, qui inspire toutes les courbes de ce couteau : une forme élégante ; une taille svelte en prolongement du cœur; un nez de couteau idéalement formé, à l'ovale "parfait"; un polissage toujours soigné pour l'évocation de la "belle peau"; et pour finir, une lame plongeante, de type yatagan, pour rappeler le lieutenant de chasse.
Le PAX
PAX, du nom commun latin "paix". Etonnant pour un outil tranchant, non ?
Originellement, votre coutelier voulait s'improviser ingénieur du couteau, combinant des parties mécaniques : du cran d'arrêt, liner lock et un front flipper de Piémontais. Finalement, ce fut un échec cuisant ! Et oui, je n'ai pas l'âme d'un ingénieur ! En pleine déception, j'ai dû accepter de ne pas réussir et, devinez, faire la paix avec moi-même.
Quant à la forme, je voulais quelque chose de simple : une lame avec un dos droit, un ventre de couteau plutôt mince, une courbe peu prononcée et quelques traits droits. Pour revenir à la simplicité, j'ai finalement intégré la mécanique à cran forcé : et voilà votre couteau !
Ondelette
Ondelette est le dernier né de mes couteaux. Pour ce faire, je me suis imposé une simple contrainte : l'utilisation seule du compas pour dessiner, en plus d'un mécanisme en liner lock, sa forme m'inspirant une onde semblable à la forme sinusoïdale. De plus, la lame en forme de goutte d'eau peut faire penser aux vagues scélérates, phénomène d'ondes qui est dévastateur, lorsqu'elles se heurtent entre elles ou même face à un plan vertical.
De plus, j'ai pensé à vous avec l'ergonomie, afin que vous puissiez disposer vos doigts naturellement dans le ventre du couteau, quelle que soit la taille de votre main.
Quant à son nom, "ondelette", il évoque une petite onde, cette fois l'onde signifiant, de façon poétique, l'eau, la petite vague ; or, si vous regardez bien sa forme, avec un peu d'imagination, vous verrez des vaguelettes, des "ondelettes"...
Pour tout vous dire, je le trouve tellement sympa et pratique qu'il est devenu mon couteau du quotidien, celui qui me suit partout où je vais.
Couteaux d'Élie
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